Les câbles de fibres optiques qui envoient des informations à nos PC, smartphones et tablettes pourraient atteindre leurs limites d’ici quelques années. En cause : l’explosion des échanges de données. Va-t-on devoir rationner notre consommation d’Internet ? Selon des scientifiques britanniques, oui : pour la première fois dans l’Histoire, le web pourrait atteindre, d’ici 2023, un point de saturation, appelé “capacity crunch”. L’explosion des échanges de données, de la rapidité des flux et de la puissance des ordinateurs amplifie la pression sur les câbles de fibres optiques. Résultat : d’ici six à huit ans, ces infrastructures de communications, à peine plus épaisses qu’un cheveu qui envoient des informations à nos PC, smartphones et tablettes, auront atteint leurs limites. En sept ans, le nombre d’internautes a, en effet, doublé pour s’élever aujourd’hui à plus de 3 milliards d’utilisateurs dans le monde, alors que les fibres n’ont, elles, pas bougées.”Nous commençons à atteindre un point, dans notre labo de recherche, où nous ne pouvons plus faire passer une seule donnée supplémentaire à travers un câble optique”, explique le professeur Andrew Ellis, de l’université d’Aston de Birmingham, dans le Daily Mail. Des recherches qui se concentrent sur le Royaume-Uni mais qui pourraient impacter l’ensemble de la planète : “La demande rattrape l’offre. Elle grossit encore et encore et il est de plus en plus difficile de garder notre avance. À moins de trouver des idées vraiment radicales, les coûts vont augmenter de manière dramatique.” Selon Andrew Ellis, il est urgent de trouver une solution. “Le “capacity crunch” va provoquer une flambée des prix”, avertit Andrew Ellis. Les fournisseurs d’accès à Internet pourraient reporter le coût de l’installation de nouveaux câbles sur les factures de leurs clients. Un coût en hausse qui s’ajouterait à un réseau beaucoup moins fluide, se connectant et se déconnectant en permanence. “Nous ne pouvons pas avoir plus de capacité dans une seule fibre et il y a eu des signes de ralentissement depuis 2010”, observe Andrew Ellis. Autre conséquence de cet accroissement des flux de données : la consommation en énergie. Transferts de données, ordinateurs, smartphones, télévision… Au total, l’utilisation du web consomme entre 8 et 16% de l’électricité dans le monde. Et cette consommation double tous les quatre ans, en moyenne. Au Royaume-Uni, des discussions sont déjà engagées pour trouver des réponses. Andrew Lord, à la tête du service d’accès à la fibre optique à British Telecom, l’opérateur historique britannique, estime, cependant, dans le Sunday Times, que des câbles installés, aujourd’hui, seraient déjà saturés d’ici “un ou deux ans…”
Mais … Ces situations sont « basées sur des chiffres alarmistes », nuance Laurent Lefevre, chercheur à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) qui travaille sur la consommation énergétique liée à Internet. Selon les estimations de Greentouch, un consortium d’industriels et d’universitaires auquel participe l’Inria, les marges de manœuvre de l’industrie en matière d’économies d’énergie sont considérables : « Nos travaux montrent qu’il est possible de diminuer par un facteur 1 000 la consommation électrique d’Internet tout en garantissant la qualité du service. Autrement dit, on pourrait avoir en 2020 un réseau qui consomme 90 % de moins qu’en 2010, même avec l’explosion du trafic. » Les clés de cette maîtrise de la gourmandise énergétique d’Internet sont nombreuses : diminution de la consommation des appareils, organisation plus décentralisée du réseau, mais aussi optimisation des logiciels et des applications qui fonctionnent sur les appareils. « Le mouvement est déjà engagé », juge M. Lefevre, citant par exemple de nouvelles méthodes de refroidissement des datacenters. « Oui, les réseaux consomment » et le trafic augmente. Mais, pour lui, cela ne va pas se traduire par l’effondrement d’Internet. En revanche, précise-t-il, « cette augmentation du trafic doit nous inciter à utiliser de manière éco-raisonnable »