La Petite Galerie du Louvre propose une exposition sur le thème de la figure de l’artiste qui accompagne le cycle d’expositions que le musée consacre aux génies de la Renaissance : de Vinci, Donatello, Michel-Ange ou Altdörfer. C’est à la Renaissance que l’artiste affirme son indépendance et cherche à quitter le statut d’artisan pour revendiquer une place particulière dans la cité. (Dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, merci de prendre contact avec les lieux pour vérifier la programmation et les contraintes d’accès avant de vous déplacer – Tous les jours et fêtes sauf mardi de 9h à 18h. Fermé le 1er mai.)
Cette fascinante histoire de l’affirmation de l’artiste se raconte dans cette exposition (Petite Galerie du Louvre), conçue par Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée et, pour les développements littéraires du thème, par Chantal Quillet, professeure agrégée de lettres classiques. Puisant dans les collections des huit départements du musée, « Figure de l’artiste » remonte aux racines du thème, dans l’Antiquité. La Stèle du chef des artisans datée de la XIe dynastie égyptienne (2030-1982 avant notre ère), ou le fragment de coupe signé par le potier grec Nicosthénès (VIe siècle avant notre ère) montrent la sortie de l’anonymat de certains de ces artistes/artisans (le mot grec tekhnitès et le latin artifex confondent les deux notions).
À partir du Ve siècle, en Grèce, des sculpteurs comme Phidias et Praxitèle ou des peintres comme Apelle accèdent à une grande renommée. Au Ier siècle, dans le chapitre XXV de son Histoire naturelle, le Romain Pline l’Ancien esquisse la première histoire de l’art, émaillée d’un trésor d’anecdotes. Redécouvert par les humanistes de la Renaissance, ce texte inspire le genre de la biographie d’artiste, pierre indispensable à la construction de la figure mythique du génie précoce. Apparu à Florence au XVe siècle, il acquiert ses lettres de noblesse avec les célèbres Vies des plus excellents architectes, peintres et sculpteurs de Giorgio Vasari (1551). L’artiste est désormais digne de se représenter à l’instar des puissants. Jean Fouquet (vers 1450), Dürer, Titien, Poussin, Rembrandt, Luis Eugenio Meléndez, Delacroix, tous nous regardent droit dans les yeux : Moi, l’artiste !